mardi 27 octobre 2009

Yakari et le bison blanc

Encore une oeuvre dont je n'avais pas mesuré la profondeur et l'impact lors de ma première lecture, vers l'âge de huit ans, me semble-t-il. Je dois corriger mon premier jugement après quatre lectures approfondies (en trente-six heures) et une partie de l'après-midi consacrée à chercher du bois pour réchauffer le tipi et à chasser le bison.

Je reproche à Yakari une composition des pages inutilement touffue et un vocabulaire un peu pauvre, sans parler de l'idéologie Arthus-Bertrandienne sous-jacente (et au demeurant respectable, mais tout ça est exagérément simplifié). Je lui reproche aussi son sujet, en soi, car si on s'adresse à des marmots pour faire la promotion d'un modèle culturel et social, il faut s'attendre à devoir expliquer ce que ce modèle est devenu, ce qui promet des moments pénibles.

Cela dit, je dois reconnaître que sur le plan narratif cet épisode, en tous cas, est parfaitement adapté à une cible 3-5 ans (la mienne): à part le rêve de Yakari, qui est convenablement onirique et ne prête pas à confusion, il n'y a pas de détour dans la linéarité du récit, pas de discours indirect - difficile à gérer quand on lit une BD à des enfants, comme en témoigne l'innommable Salade de Schtroumpfs que je n'ai pas daigné commenter ici). De plus, le récit est essentiellement centré sur Yakari et on évite autant que possible les allers-retours et autres "pendant ce temps..." Par ailleurs, il y a un certain nombre de beaux dessins, et beaucoup de questions fascinantes à commenter (du genre "comment ils font, les Indiens qui n'aiment pas le bison?").

En outre, force est de constater que les personnages sont crédibles (y compris Petit Tonnerre, Grand Aigle et le Bison Blanc éponyme) et que les jeux de rôle impliquant Yakari et sa copine Arc-en-ciel sont, à tout prendre, moins soûlants que la douzième représentation du baptême de la Belle au Bois dormant. Mais ce qui est frappant, au bout du compte, c'est que les histoires accessibles aux tous jeunes enfants et offrant un réel support à l'imagination (beaucoup d'histoires sont trop courtes, tout simplement, pour qu'un enfant se prenne au jeu) sont souvent pauvres en petits héros masculins. Je comprends mon fils qui préfère se prendre pour Yakari que pour Simplet ou Pinocchio - ou même pour Mowgli, qui, tout fils de la jungle qu'il est, est assez corniaud pour se faire prendre, à la fin du film, aux ruses éculées de la petite Indienne.

Yakari et le Bison Blanc, Derib et Job

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