vendredi 8 janvier 2010

Les guerres modernes racontées aux civils...

Ces livres français sur les guerres modernes, quand on en a lu un, on a l'impression de les avoir tous lus. Il faut dire que, par la force des choses, ils parlent tous des mêmes théâtres et des mêmes évènements. Mais comme, au demeurant, les opérations en question sont complexes et mal connues de l'opinion, la répétition n'enlève guère d'intérêt à la chose.

Le propos de Pierre Servent est d'armer les esprits occidentaux, comme le montre la construction en trois parties de son livre.
"Penser la guerre" nous démontre que, pour être asymétrique et donc méconnaissable pour des esprits formés par les conflits classiques, la guerre n'en est pas moins réelle, l'ennemi (notamment Al Qaida) déterminé et habile à profiter des lourdeurs et des faiblesses de l'Occident, les premières liées à la recherche du risque zéro, les secondes tenant à la sensibilité de l'opinion et au traitement instantané de l'information qui l'irrigue.
"Vivre la guerre" nous confronte à l'irréductible spécificité de l'expérience du combattant, et alerte par-là sur le nécessaire effort de préparation des forces armées.
"Préparer la guerre" invite explicitement le citoyen à adopter mentalement l'état de guerre. Pierre Servent évoque les dispositifs militaires dans lesquels les forces françaises s'insèrent pour souligner le caractère problématique de coalitions à géométrie variable et à commandement faible, dans lesquelles c'est à qui en fera le moins. En s'appuyant sur l'exemple de l'embuscade d'Uzbin et sur les réactions de la presse et des familles des morts, il nous renvoie l'image d'une société devenue si individualiste qu'elle refuse l'idée même de pertes humaines alors qu'il redevient nécessaire, pour préserver l'individualisme humaniste, d'être prêt à sacrifier des vies.

Les guerres modernes racontées aux civils est un livre accessible et intéressant, car il présente une vision à la fois globale, appuyée sur de nombreux faits et témoignages concrets, et suffisamment polarisée par la conviction de l'auteur pour en devenir intelligible. Cette conviction est défendue avec intelligence et clarté et, même si elle était excessive, ce sur quoi je suis mauvais juge, l'appel à la vigilance ne peut pas faire de mal.

Les guerres modernes racontées aux civils... et aux militaires, Pierre Servent, 2009

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