vendredi 26 mars 2010

Ceux qu'on aime

Mon fidèle public l’aura constaté, il est bien rare que je n’aie rien à dire sur un livre (je n’ai pas dit « rien d’intelligent », notez bien). Cependant, Steve Mosby va avoir droit à une petite exception.

Ceux qu’on aime est un polar qui ne comporte aucun arrière-plan sociologique en dehors de deux idées clés : la thèse principale est que la communication par SMS et e-mail ne remplace pas un gros câlin. Un thème secondaire vient enrichir cette ligne directrice : la drogue crée une société parallèle en marge de la loi (ne vous attendez pas, toutefois, à voir cette révélation trop développée).

Sur cette impressionnante toile de fond s’inscrit une intrigue dont toute la crédibilité repose sur l’idée qu’un tueur en série couvert par sa sœur, elle-même menacée par leur père, lui-même ex-flic, meurtrier et adepte des pratiques sadiques qui inspirent son fils (si vous me suivez bien), décide de se venger d’un ex de sa copine qui lui a mis son poing dans la figure en tuant toutes les autres ex de l’ex (ça va ?). Heureusement, la copine a des copains dealers très méchants, qui tabassent un peu tout le monde, et pour finir elle n’est pas morte, mais tout juste. Beaucoup de téléphones portables par là-dessus, un médium véreux, quelques caméras de surveillance, et le tour est joué.

Les personnages risquant de s’effacer un peu devant la puissance de l’intrigue, Steve Mosby a choisi de muscler leur arrière-plan psychologique d’une façon astucieuse et économique puisqu’ils portent tous (sinon tous, du moins le héros, le tueur et l’enquêteur, ce qui est déjà pas mal) le même fardeau de culpabilité, ayant laissé mourir quelqu’un qu’ils aimaient faute d’avoir été présent auprès de lui. L’intelligence de cette solution est évidente car elle se conjugue particulièrement bien avec la thèse du livre sur les SMS et les câlins (voir ci-dessus).

Je crains de n’avoir pas d’analyse pertinente à ajouter à cet humble résumé : Ceux qu’on aime est, vous l’aurez compris, un livre qui se suffit à lui-même. Peut-être même n'a-t-il pas besoin de lecteurs.

Ceux qu’on aime, Steve Mosby, 2009
Trad. Clément Baude

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