dimanche 13 mars 2011

HHhH

Ha Ha ha Ha. Laurent Binet m’a bien eue en faisant semblant d’écrire un roman sur l’assassinat d’Heydrich : en fait, le sujet du roman, c’est Laurent Binet qui essaie d’écrire un roman sur l’assassinat d’Heydrich. Ce qui, comme le lecteur ne tarde pas à le réaliser avec consternation, est une opération douloureuse qui confronte l’écrivain à des questions déchirantes : quel compromis établir entre la vérité historique – à savoir ce qu’on sait, mais surtout, c’est bien plus casse-pieds, ce que l’on ne sait pas – et les exigences du roman ? Peut-on écrire que le héros (ce n’est pas Heydrich, pour ceux qui n’auraient pas suivi) a souri ou fumé une cigarette en montant dans l’avion qui devait le parachuter à pied d’œuvre, alors qu’on n’y était pas ? Pourquoi Jonathan Littell a-t-il eu le Goncourt pour une œuvre de fiction que Laurent Binet n’a même pas aimée? Et pourquoi la copine de Laurent Binet l’a-t-elle quitté en cours de route, hein, pourquoi ? Le lecteur lui-même, emporté par ce torrent de doutes, s’interroge : pourquoi Laurent Binet insiste-t-il tant sur la sale gueule des Allemands ? c’est si important ? et pourquoi n’est-il pas plutôt en train de relire Jonathan Littell, puisque celui-ci, au moins, savait ce qu’il faisait ?
Un livre pour rien, donc.

HHhH, Laurent Binet, 2010

2 commentaires:

  1. Ironiquement, Laurent Binet a lui aussi été récompensé par le Goncourt (premier roman 2010). Je suis moins sévère que toi car j'ai trouvé l'auteur sincère dans sa démarche. Mais je peux comprendre qu'on trouve l'angle agaçant.
    Et puis Paul Auster nous refait toujours le coup du roman sur l'écriture d'un roman et personne n'y trouve rien à redire.

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  2. ah mais si tu veux me voir arborer soudain de longues canines pointues (enfin, encore plus longues que lorsque je parle de Laurent Binet), demande moi de parler de Paul Auster, tiens...

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