Dans l’Union Soviétique en déliquescence des années 80, les hommes boivent et racontent des salades, les voitures et les produits de beauté viennent d’Occident, et les étudiantes s’empilent à quatre dans six mètres carrés. Sans attaches et sans perspectives, Lizka est néanmoins bien décidée à forcer un avenir dont elle ne se fait pas cependant une idée très précise : aussi s’engage-t-elle avec plus d’enthousiasme que de bonheur dans une formation d’infirmière, un gagne-pain de concierge, une carrière de Komsomol, un emploi de conductrice de tramway… Et, comme le titre l’indique, elle s’embarque en même temps dans une succession d’aventures plus ou moins sentimentales avec des hommes qui ont chacun leur façon de faire leur trou dans le vaste foutoir qu’est déjà l’ancien empire.
Cette Union soviétique en bout de course n’est plus oppressée par une idéologie qui se désagrège à grande vitesse ; elle est déjà corrompue, toujours inefficace et bringuebalante comme ses tramways, mais elle apparaît plus désabusée que violente, plus inepte que volontairement cruelle. Aidée par une santé mentale et une joie de vivre à toute épreuve, Lizka peut ainsi traverser toutes ses tribulations, et tous ces appartements exigus et puant le chou, sans y perdre la fraîcheur et le caractère direct qui la rendent sympathique au lecteur et surtout, apparemment, à l’auteur.
Lizka et ses hommes n’est pas un livre inoubliable, mais il a le mérite de promener sur les dernières années de l’Union Soviétique, et sur la capacité de ses habitants à prendre les choses comme elles viennent, un regard enjoué qui rappelle bizarrement quelques pages de Soljenitsyne, l’oppression en moins.
Lizka et ses hommes, Alexandre Ikonnikov, 2003
Trad. Antoine Volodine
lundi 24 janvier 2011
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Un de plus pour le panier d’Amazon. (J’ai $300 de livres dans mon panier et pas de budget livres avant de reprendre le travail, mais bon… on peut rêver.)
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