Beware of God, en version originale, est un recueil de nouvelles juives : une sorte de commentaire sur l’alliance entre Dieu et le peuple élu, et la façon dont ils se gâchent mutuellement la vie. Je ne sais pas trop si, comme l’indique la quatrième de couverture, ce recueil « soulève des questions fondamentales sur la condition humaine et son besoin d’interdits ». Je ne suis pas sûre non plus qu’il s’agisse à proprement parler d’histoires « jubilatoires, iconoclastes et hilarantes » (comment une histoire s’attaquant au dieu des Juifs pourrait-elle être iconoclaste, d’ailleurs, vu les précautions que Yahvé a prises dans ce domaine ?). En fait, elles ne m’ont pas tellement fait rire. Sauf deux (sur quatorze, car bien sûr, il y en a quatorze ; tout autre nombre qu’un multiple de sept était inenvisageable).
Le dilemme du prophète met en scène un malheureux cadre intermédiaire à qui Ha Chem donne des ordres apparemment dénués de sens : construis un autel et fais-moi des sacrifices, bâtis une arche, etc. La divinité ne semble pas se rendre compte des problèmes de voisinage que posent les sacrifices d’animaux dans les jardins et se révèle vétilleuse sur des questions pratiques de portée apparemment limitée, comme celle de savoir de quel bois on fait les arches. Le prophète désigné finit par envoyer braire son Créateur : c’est donc une histoire qui finit bien.
Quelle horreur d’être Créateur est ma préférée : Epstein a construit un golem qui le sert avec exactitude et dont il est fort content. Les choses se gâtent quand il produit un second golem qui se met aussitôt à débattre interminablement avec le premier du sens des commandements et de la portée de leur formulation exacte ; ce pilpoul incessant et le souci bien compréhensible des golems d’extraire tout le sens possible de la parole divine les empêche évidemment de remplir leurs tâches domestiques et, après une sanglante guerre de religion, la maison désertée par Epstein excédé finit plus ou moins par s’écrouler sur leurs têtes.
Il me semble que ça se passe de commentaire, non ?
Attention Dieu méchant, Shalom Ausländer, 2005
Trad. Bernard Cohen
dimanche 28 novembre 2010
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