jeudi 4 novembre 2010

La mise à nu des époux Ransome

Les époux Ransome sont ennuyeux comme la pluie. Ils vivent apparemment depuis quatre décennies entre la stéréo de Maurice, régulièrement améliorée, et la porcelaine de leur mariage qu’aucun enfant n’a jamais dérangée et que Rosemary époussette régulièrement. Et voilà qu’un beau soir, en rentrant d’une représentation de Cosi Fan Tutte, ils trouvent leur appartement entièrement et absurdement vide. En 185 pages très vite lues, le livre décrit avec enjouement ce qu’on pourrait désigner, par une expression ridicule et fort en vogue, comme leur travail de deuil. Bousculée par l’aventure, Rosemary y découvre l’occasion de réveiller des dispositions naturelles plutôt aimables : la curiosité, l’empathie et une certaine joie de vivre. Maurice, lui, incapable de rien apprendre ou de rien oublier, s’efforce désespérément de rétropédaler vers son état antérieur et de reconstituer son existence à l’identique. Tout ceci est plutôt bien écrit et à l’occasion franchement comique, grâce à l’ingénuité de Rosemary. De là à considérer la mise à nu des époux Ransome comme une révélation philosophique sur le rapport entre l’être et l’avoir, il y a une marge que l’éditeur franchit allègrement : on n’est pas obligé de le suivre.

La mise à nu des époux Ransome, Alan Bennett, 2002
Trad Pierre Ménard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire