J’ai aimé Miller’s Crossing, comment oser dire le contraire ? c’est un film magnifique, avec une intrigue diabolique, de très belles images, et, vraisemblablement, une palanquée de références cinématographiques complètement dilapidées en ce qui me concerne puisque dans la catégorie « films de gangster » je n’ai vu à peu près que Le Parrain (et il y a longtemps).
Une intrigue diabolique, donc : je pense sincèrement qu’il était difficile de tirer de la situation initiale beaucoup plus de retournements et d’interrogations que les frères Coen ne le font dans ce film. Mais de même que, pour une raison mystérieuse, je ne suis pas emballée par les livres à intrigue, je reste un peu réservée sur le concept du film qui vaut essentiellement par cette dimension. Le problème de l’intrigue, finalement, c’est qu’elle suppose qu’il se passe quelque chose et que c’est cela qui est important. Or il n’y a rien qui soit si étranger au spectateur que les aventures forcément singulières des personnages. C’est le substrat d’émotion, l’expérience brute et dénuée de son enveloppe circonstancielle qui font pour moi la force d’un film, soutenus par les procédés poétiques qui jouent sur le son et l’image. En l’occurrence, le personnage central interprété par Gabriel Byrne finit par lasser l’appétit vampirique du spectateur pour ses sentiments et ses émotions : à l’évidence, il est la proie de conflits entre différentes loyautés, mais il se donne tant de mal pour rester impénétrable qu’on finit par lui reconnaître le droit de préserver sa vie privée et par se désintéresser un brin de ses motivations.
Pour autant, Miller’s Crossing tend vers une forme de perfection tant ses partis-pris esthétiques et narratifs sont rigoureux et menés jusqu’à leur terme, et la satisfaction intellectuelle que l’on éprouve devant ce film ne se teinte à aucun moment d’ennui.
Miller’s Crossing, Joel et Ethan Coen, 1990
dimanche 21 mars 2010
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